Lettre pastorale A l’occasion de la journée de…



2013-08-06

Par

Jean X

Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient

Au nom de la miséricorde divine

 

Le don est le critère de notre appartenance au royaume des cieux

« chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits…c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25 : 40)

 

Le saint synode de l’Eglise d’Antioche a considéré le 15 septembre de cette année comme une journée de solidarité entre toutes le paroisses antiochiennes locales et du diaspora pour soutenir l’action humanitaire de secours que le patriarchat d’Antioche et de tout l’Orient a fait et fait en coopération avec des organismes internationaux, gouvernementaux, ecclésiaux et civils. En fait, le malheur et les maux qu’ont endurés et endurent nos fils et frères syriens ont dépassés toutes les limites; or les possibilités d’aide sont relativement insuffisantes en comparaison avec le minimum des besoins effectifs et essentiels de survie:  le manger, le boire, l’habit, le médicament, le soin médical et le logement.

Nous avons la foi que Dieu nous a donné l’existence et la vie; cependant il n’a rien demandé contre ce don précieux. Il a été largement généreux avec nous, fait digne du créateur seul, en nous donnant les biens dont nous jouissons pour que notre vie soit complètement royale. Cependant nous nous sommes éloignés de la vérité et nous avons choisi volontairement d’être loin de la grâce de sorte que notre réalité est devenue mêlée de douleur, de maladie, de mal et de mort.

Lui-même, il ne s’est pas mis à l’écart face à cette nouvelle réalité mais il a envoyé son fils unique pour qu’il vive avec nous comme un des nôtres habitant parmi nous pour nous ramener de notre égarement, éclairer nos ténèbres, nous guider vers la vie,  nous faire découvrir la vérité, nous enseigner comment utiliser notre liberté, panser nos plaies, faire revivre nos âmes, remettre nos péchés et nous donner sa béatitude céleste.

Il a vécu avec nous avec toute simplicité et spontanéité: il a accompagné la veuve de Naïn à l’enterrement de son unique tout en le rendant vivant; il a cherché la femme souffrant d’hémorragie et il l’a envoyée saine d’âme et de corps; il a enseigné à ses disciples de partager le pain et le poisson qu’ils avaient avec la foule qui le suivait et de les nourrir de leurs mains; il a examiné la foi de la cananéenne et a exaucé son voeu après avoir accroître sa foi; il s’est mis au service du centurion en ce qui concerne la guérison de son serviteur; il est venu en retard pour voir son ami malade Lazare mais il l’a ressuscité des morts et l’a rendu à ses soeurs Marie et Marthe; il s’approcha et toucha les maladies de l’aveugle, du possédé, du lépreux, de celui dont la main était dessechée et il les a tous envoyé sains de corps et d’esprit.

Cependant, il nous a laissé un commandement, le meilleur des commandements et la solution à toute notre souffrance, celui de l’amour: le commandement d’aimer Dieu en aimant notre frère et prochain, qui a été moulu avec nous dans cette humanité attaquée par les maux et saignant des maux que nous-mêmes, individus communautés ou nations, avons créés volontairement ou involontairement par la force de notre égoïsme et nos intérêts.

Dieu n’a rien commandé pour soi; il n’a pas demandé qu’on lui rende gloire ou qu’on lui exprime reconnaissance ou qu’on lui confesse faveur. Au contraire, nos mains l’ont fait souffrir, nos langues l’ont maudit, nous l’avons traité avec reproche et méchanceté,  nous l’avons trahi, nous y avons renoncé et nous nous sommes moqués de lui et l’avons fouetté et crucifié.

Mais lui, il était strict quand il nous donné l’ordre concernant le prochain; en fait, il a établi ce commandement comme le critère de notre appartenance au royaume des cieux. Il nous a commandé de faire marier notre adoration avec le servie du prochain et a établi une égalité entre l’amour et le service du faible et du pauvre et son propre service. Il nous a bien cernés: d’un côté, la parabole du bon samaritain éclaire nos esprits et stimule nos intentions dans le sens de collaborer avec notre prochain quand on s’approche de lui et qu’on le soigne; d’un autre côté, la parabole du jugement dernier nous pousse à décider de ce que nous voulons faire de notre vie prochaine dès lors, si on ferme les oreilles pour ne pas entendre le pauvre et si on ferme les yeux pour ne pas voir la souffrance  et si on ne tend pas la main au prochain et si on ferme le coeur pour ne pas sentir les douleurs du frère et si on ne fait distraire notre esprit que par le service et le soutien.

La résistance de la plus grande partie de nos fils aujourd’hui, endommagés, pauvres, sans logis, malades, blessés, chômeurs, ne peut pas continuer sans le soutien de tous les frères, riches ou non riches, non seulement par le sou de la veuve, mais  par tout l’amour qui nous a été accordé, un amour qui sera traduit dans la réalité par un penchement tangible et pratique envers celui qui a été privé du travail, du logement, des proches ou du soutien familial.

Dieu n’a guère cessé de nous tendre la main dans notre misère et il nous a aidés, guéris et sauvés. Ne devons nous, nous-mêmes, à notre tour, tendre la main vers notre frère? En fait, il y en a qui font cela tous les jours mais ils ont besoin en fait aujourd’hui de ceux qui vivent géographiquement loin de la réalité pour qu’ils expriment leur soutien en donnant à leur Eglise, au patriarchat, pour soutenir les efforts accomplis dans ce sens.

L’Eglise vous appelle aujourd’hui avec tout son amour et force et reconnaissance pour que vous honoriez votre frère afin que vous soyiez honorés de Dieu. Les coeurs blessés appellent votre coeur généreux et aimant et donneur où que vous soyiez pour tendre la main de fraternité et de solidarité et de soutien. Donnez de ce que le créateur vous a donné de biens innombrables. Tâchez d’être présents à vos parents dans le besoin. Soyez leur consolation. Ils sont les pères du plus précieux que vous avez: la foi. Rendez-leur ce qui est moins précieux: votre don et votre générosité.

Que Dieu bénisse vos oeuvres et rende nombreux les fruits de votre bienfaisance dans son royaume céleste. Amen.

 

Fait au patriarchat de Damas

Le 6 août 2013

 

+ Jean X

Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient